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Vendémiaire

Blog d'actualité politique

France / La CGT syndicat du changement ? - Emile Fabrol

Publié le 18 Juin 2012 par Vendémiaire in Syndicalisme

 Publié le 15 juin 2012 par promadmin


Il était une fois, un paisible royaume où le bon roi Bernard voulait achever son règne sur une action spectaculaire. Pour lui succéder sur le trône il présenta la princesse Nadine. Mais le prince Eric ne l’entendait pas de cette oreille. C’est alors que le conseil du royaume, composé de barons ombrageux, fut ébranlé par un véritable pugilat. Une telle description de la crise de direction qui secoue la CGT en choquera certains. Malheureusement, c’est bien le spectacle pitoyable que donne à voir la direction confédérale.

Le conflit déchire un groupe dirigeant qui, depuis de nombreuses années, s’auto-sélectionne et qui est d’accord sur l’essentiel. Le conflit porte sur qui sera le plus capable de poursuivre une stratégie marquée par une longue série de défaites pour la classe ouvrière ; la dernière en date – et non des moindres – étant celle sur la contre-réforme Sarkozy des retraites.

Les déclarations de plusieurs dirigeants confédéraux attestent qu’on ne change pas aussi facilement de politique dans la grande maison de Montreuil. Dans Options de mai 2012 (1), Jean-François Bolzinger se place délibérément dans le cadre fixé par le nouveau Président en affirmant que « l’urgence est à investir les débats de contenu du changement ». Voilà un dirigeant syndical qui enfume les salariés sur la politique de François Hollande et vante les mérites du « dialogue social » en dit-il « visant des conquêtes sociales » à l’heure de l’austérité permanente dans tous les États membres de l’Union européenne.

Encore plus fort, dans le bulletin Ensemble de juin 2012 destiné aux adhérents de la CGT, Michel Doneddu – secrétaire confédéral – écrit à propos de l’élection de François Hollande que : « la CGT s’en félicite ». Car cette élection « ouvre un contexte plus favorable à la satisfaction de nos revendications ». Illusions, aveuglement ? Toujours est-il que Michel Doneddu se félicite que « notre détermination revendicative y a été pour quelque chose ». Que la CGT toute entière se soit mobilisée pour battre Nicolas Sarkozy c’était le minimum syndical; mais ce n’est pas une raison pour que la direction confédérale entonne le refrain de 1981 : « la CGT syndicat du changement ».

L’orientation du nouveau Président est particulièrement claire pour tout le monde. En voulant parvenir à l’équilibre budgétaire dans cinq ans et en respectant les contraintes du capital il n’y a pas d’autres moyens que l’austérité. Une organisation syndicale comme la CGT n’a pas le droit de faire l’impasse sur cette vérité élémentaire. Rien ne sert de lancer des menaces en l’air comme le fait Michel Doneddu lorsqu’il affirme que « personne ne devrait oublier » la part prise par la CGT dans la défaite de Nicolas Sarkozy. Cela s’apparente à « retiens moi ou je fais un malheur ! »

Telle est la politique concrète de la direction confédérale qui, avec la gestion loyale des collectivités territoriales, constitue un des principaux piliers du Front de gauche.

Le rôle de la CGT, de la base au sommet, ne peut pas être autre chose que la construction patiente et sûre de la mobilisation du monde du travail qui subit de plein fouet les effets de la crise généralisée du capitalisme.

Si les dirigeants actuels de la CGT ne se sentent pas capables d’impulser une telle politique alors qu’ils cèdent la place. C’est le condition pour que la CGT devienne – enfin – cet indispensable syndicat dont la classe ouvrière a besoin dans l’affrontement avec le capital. Comme l’écrivait Karl Marx, en 1865, : « Les syndicats agissent utilement en tant que centres de résistance aux empiètements du capital. Ils manquent en partie leur but dès qu’ils font un emploi peu judicieux de leur puissance. Ils manquent entièrement leur but dès qu’ils se bornent à une guerre d’escarmouches contre les effets du régime existant, au lieu de travailler en même temps à sa transformation et de se servir de leur force organisée comme d’un levier pour l’émancipation définitive de la classe travailleuse, c’est-à-dire pour l’abolition définitive du salariat » (2).

Emile Fabrol

1.- Mensuel de l’Union Générale des Ingénieurs Cadres et Techniciens (UGICT)
2.- Conclusion de Salaire, prix et profit. Éditions sociales, 1969, page 74.

 

 

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