Georges Gastaud, secrétaire national du P.R.C.F.
Tantôt « pour sauver l’euro », tantôt pour « préserver le triple A », Sarkozy inflige à notre peuple une série de purges ravageuses. La France d’en bas n’est pas près d’oublier que, pour obéir aux critères de Maastricht, Fillon a instauré la retraite à 67 ans (les salariés ne toucheront une pension sans décote qu’à cet âge !) et qu’il désosse la Fonction publique, l’hôpital et l’Education nationale. Quant aux étudiants, aux chômeurs et aux retraités modestes, ils ne risquent pas d’oublier la dernière avalanche de déremboursements-Sécu imposée par Fillon : cela s’est aussitôt traduit par l’envol des cotisations Mutuelles, de moins en moins accessibles aux « travailleurs pauvres ».
Chacun sait en outre qu’à la demande de l’U.E. et de ses maîtres berlinois, un méga-plan d’austérité est programmé en France pour le mois de juin, et cela, quel que soit l’élu puisque F. Hollande (capitale : Maastricht) ne promet rien d’autre qu’une « austérité de gauche » dont a vu les effets en Grèce ou en Espagne…
Pourtant le « triple A » est perdu ; l’euro entraîne dans son agonie les acquis des travailleurs d’Europe et la souveraineté de toutes les nations placées sous la tutelle de la B.C.E.. Athènes, Rome, Madrid, mais aussi désormais Paris, doivent désormais quémander le feu vert de Berlin avant de présenter leur budget respectif devant leur parlement national.
Et dans tous les pays d’Europe, c’est l’extrême droite qui grimpe, dopée par l’euro-criminalisation du communisme, par la traque des travailleurs étrangers et par les concessions de l’Internationale « socialiste » et de son appendice, le P.G.E. à l’anticommunisme de confort et à l’antisoviétisme à retardement. Dieu qu’elle est belle « l’Europe de la paix, de la prospérité et de la liberté » que promettaient les Traités de Rome, de Maastricht et de Lisbonne !
Pour desserrer cet étau, qui écrase la France aussi sûrement qu’une invasion, les frères ennemis de l’UMPS prônent toujours plus d’austérité et de « fédéralisme européen ». Cette fuite en avant est orchestrée par L. Parisot, la vraie patronne de notre pays : la cheftaine du MEDEF ne vient-elle pas d’appeler, dans une tribune du Monde, à des « abandons de souveraineté » pour construire sa « nouvelle patrie : les Etats-Unis d’Europe ». Et les buts de classe de cette trahison de la grande bourgeoisie française sont clairement affichés : « reconfiguration des territoires » et négociation des conventions collectives à l’échelle continentale ; - histoire de diviser par deux le « coût du travail » (sic) en France - ; Bref, le grand patronat met désormais officiellement le cap sur la mort de la France ! Avis aux « marxistes » qui rechignent encore à unir le patriotisme populaire à l’internationalisme prolétarien, comme surent pourtant le faire avec éclat les Communards, les militants du Front populaire ou le Parti des Fusillés aux heures les plus glorieuses de notre histoire progressiste…
Bien entendu, l’oligarchie sait bien que ce suicide national annoncé porte en lui le risque d’énormes tempêtes. Des millions de travailleurs ont en effet compris que le capitalisme n’est pas la « fin de l’histoire » ; au contraire, ce système pourrissant peut déboucher sur « l’histoire de la fin », tant il est devenu incapable de produire autre chose que des « crises aiguës chroniques », des guerres à répétition et des dégâts écologiques irréversibles. Pour parer aux affrontements de classes qui s’annoncent, l’oligarchie fourbit sa deuxième arme de destruction massive: l’extrême droite, qui est chargée dans toute l’Europe de cibler l’ouvrier étranger. En France, le FN s’emploie ainsi à dévoyer le légitime attachement des travailleurs à leur pays, à ses industries délocalisées, à sa langue sacrifiée au « tout-anglais » patronal, à son identité républicaine, prise en tenailles entre la xénophobie d’Etat de l’UMP et l’autophobie nationale de la gauche-caviar. Derrière la montée du FN, comment ne pas voir le travail inlassable des Hortefeux, Guéant et Cie ? A l’intérieur même de l’UMP, la « droite populaire » des Ciotti, Vanneste et Cie prépare sa jonction avec un FN qui n’hésite déjà plus à tracter à la porte des grandes usines !
C’est de cette tenaille entre l’UMPS pro-Maastricht et l’ « U.M.’Pen » en gestation qu’il faut d’urgence extraire la classe ouvrière et la République. Pour cela, il faut appeler notre peuple à sortir de l’euro (et de l’UE !) « par la porte à gauche », comme eût dit Ferrat. Il ne s’agit pas de se replier sur l’hexagone, mais de décider en France pour coopérer avec tous les peuples du monde: ainsi procèdent déjà les pays réunis de l’Alternative Bolivarienne des Amériques.
Et surtout, il est temps que les vrais communistes, les syndicalistes de lutte, les francs républicains s’unissent dans l’action pour « dégager » les partisans de l’oligarchie. A terme, il s’agit de remettre à l’ordre du jour, non dans les mots mais dans les faits, la question du socialisme pour la France et du communisme pour le monde : car l’oligarchie est aujourd’hui tellement compromise dans sa funeste « construction européenne » qu’une rupture progressiste de la France avec l’UE remettrait le mouvement populaire à l’offensive sur tout notre continent !
Pour cela, le PRCF interpelle les dirigeants du Front de gauche : vous prétendez réaliser votre programme dans le cadre d’une « Europe sociale » dont nul ne voit le début d’une esquisse. Soit ! Mais daignez au moins répondre à cette question incontournable : que feriez-vous une fois élus si Merkel et ses amis du SPD disent Nein ! à la France et collent à la France d’énormes amendes pour « manquement aux engagement » ? Citoyen Mélenchon, êtes-vous prêt alors à CLAQUER LA PORTE de l’UE, quitte à rompre avec le P.G.E. dont le président, M. Pierre Laurent, défend l’euro corps et âme ? Êtes-vous prêt à rétablir totalement, « à la Chavez », la souveraineté politique de la France, dont Jaurès disait qu’elle est « le socle de l’émancipation sociale » ? Tant que le Front de gauche n’aura pas répondu à ces questions, des millions d’ouvriers ne le prendront pas au sérieux et le FN disposera d’un boulevard pour usurper le titre d’avocat de la nation populaire !
Cependant, les forces progressistes anti-UE doivent d’abord compter sur elles-mêmes : c’est pourquoi la conférence nationale du PRCF a adressé un appel aux organisations progressistes opposées à l’UE. Séparément nous ne sommes guère visibles, ensemble nous bouleverserions la problématique politique ! - aux communistes, membres ou pas du PCF, le PRCF propose trois campagnes communes : contre la criminalisation du communisme ; pour rompre avec l’UE sur des bases progressistes ; contre les guerres impérialistes ;
- aux organisations républicaines opposées à la fois à l’U.E. : cassons le monopole politique de l’UMPS et de l’UM’Pen en organisant un meeeting unitaire sur le thème : non aux mesures Sarkozy, non à l’UE, oui aux principes du CNR ! Lançons ensemble l’idée d’une manif nationale à l’occasion du 20ème anniversaire du référendum sur Maastricht (septembre 2012), qui coïncide avec le 220ème anniversaire de la bataille de Valmy, où l’armée de la Révolution vainquit la Coalition monarchique en jetant les bases de la République « sans-culotte ».
Notre peuple hésite entre colère, désarroi et « solutions » national-populistes. Seule notre unité d’action peut donner à temps un signal clair d’espérance, de résistance et de contre-offensive : à chaque progressiste de répondre !
Georges Gastaud
Edito du Clic Rouge, PRCF