France / Souvenez-vous !.. - Xavier Théry

le 21 mai 2012

Le 22 mai 1871, pendant que les troupes prussiennes bloquent les sorties-est de Paris, les troupes « versaillaises » commandées par le maréchal de Mac-Mahon aux ordres du gouvernement d’Adolphe Thiers entrent dans Paris par l’ouest. Pendant une semaine, elles vont arrêter, fusiller sans jugement ou massacrer plus de 16 000* Parisiens engagés aux côtés de la Commune et pour la plupart désarmés. De leur côté les communards exécuteront une centaine d’otages et tueront moins de 900 soldats « versaillais » pendant les combats.

Fait sans précédent dans l’Histoire de France, cette semaine sanglante aura été précédée pendant plusieurs semaines d’un bombardement intensif des arrondissements de l’ouest parisien depuis les hauteurs de Courbevoie ou de Suresnes par les artilleurs aux ordres du gouvernement « français » de Versailles. Plusieurs dizaines de milliers d’obus tomberont sur Paris et Neuilly et feront des centaines de morts.

Les communards qui auront échappé au massacre seront déportés. Plus de 30 000 d’entre eux seront envoyés en camps de concentration à Satory ou sur les pontons de Brest** ou de Cherbourg. Plus de 1000 d’entre eux y mourront.  Plus de 3000 communards seront envoyés un an après au bagne à Nouméa.

Ainsi donc un gouvernement républicain de droite, élu sur un programme de restauration de la monarchie, engage avec la complicité de l’occupant un massacre systématique des Parisiens qui entendaient encore résister à l’invasion prussienne. Et, ironie de l’Histoire, les massacres seront menés par une troupe commandée par celui-là même qui a par sa défaite à Sedan permis l’invasion de la France.

Plusieurs milliers de rues en France portent le nom de Thiers. Souvenez-vous que pour chaque plaque de rue il y a près de 10 Français massacrés sur son ordre. 

Souvenez-vous du 22 mai.

* Estimations les plus basses communiquées par les Versaillais eux-mêmes sur la base des registres d’inhumations. Plusieurs historiens évoquent le chiffre de 20 000 morts.

** Alors que les déportés étaient acheminés vers Brest entassés dans des wagons à bestiaux, plusieurs dizaines d’entre eux appelèrent au secours pour qu’on leur donne à boire dans une gare où le train faisait halte. Le général commandant le convoi fit installer une mitrailleuse en batterie sur le quai de la gare et tira à travers les parois en bois des wagons. Plusieurs dizaines de déportés mourront. Ce geste hallucinant inaugure une inhumanité à laquelle feront écho 70 ans plus tard d’autres déportations dans d’autres trains…