Dans une nouvelle salve contre Pékin, l’administration Trump a annoncé une taxe portuaire inédite visant les navires chinois, quelle que soit leur cargaison ou leur opérateur. Une mesure qui risque d’embraser un peu plus la guerre commerciale, au prix de lourdes conséquences logistiques et inflationnistes.
Washington a annoncé ce 17 avril une taxe portuaire visant les navires chinois. Présentée comme une nouvelle étape dans la guerre commerciale menée contre Pékin, cette mesure était en fait attendue depuis plusieurs mois et fait suite à une enquête lancée par Joe Biden.
Concrètement, chaque navire fabriqué en Chine, quel que soit son opérateur ou son propriétaire, se verra taxé dès qu’il accostera aux États-Unis. La taxation sera variable, notamment en fonction des produits transportés. D’après les premiers éléments fournis par le représentant américain au Commerce, les navires transportant des voitures fabriquées hors des États-Unis devront s’acquitter de 150 dollars… par unité ! Nul doute que cette mesure enfonce un nouveau clou inflationniste au pays de l’Oncle Sam. Les fédérations américaines de plusieurs secteurs expriment d’ores et déjà leur inquiétude.
Embouteillages sur les chaînes logistiques
À la différence des barrières douanières « classiques », cette mesure ne taxe pas des produits spécifiques, mais le commerce en lui-même. Dès l’automne 2025, les armateurs devront s’acquitter de 18 dollars par tonne nette ou 120 dollars par conteneur. Ce seuil augmentera progressivement pour atteindre 154 dollars dès la deuxième année. Mais que le conteneur soit rempli de bananes, d’appareils photo ou de pneus, ce sera le même prix.
Certains produits bénéficient d’une réglementation particulière. Le transport de gaz naturel liquéfié (GNL) ne sera pas taxé avant trois ans, mais son coût augmentera graduellement pendant les vingt-deux années suivantes.
Des craintes existaient quant à l’application de cette taxe par port visité, mais elle sera finalement appliquée par visite aux États-Unis, dans une limite de cinq facturations par an et par navire. Le résultat risque toutefois d’être similaire : hausse des coûts logistiques, embouteillages sur les chaînes d’approvisionnement, déséquilibres portuaires avec une suractivité dans certains hubs et une sous-utilisation d’autres
Appliqués de la sorte et dans les délais annoncés, ces frais équivalent de facto à un véritable blocus. Une situation qui semble bien plus mortifère pour Washington que pour Pékin, quand bien même « il n’y a pas de vainqueur dans une guerre commerciale », comme le rappellent les autorités chinoises.
La Chine a immédiatement réagi à cette mesure par la voix de Lin Jian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, qui a déclaré que « L’imposition de taxes portuaires et de droits de douane supplémentaires sur les équipements de manutention de marchandises nuit à ses intérêts [ceux des États-Unis – ndlr] et à ceux des autres pays. Cela augmente les coûts du transport mondial, perturbe la stabilité de la chaîne d’approvisionnement et accroît les pressions inflationnistes aux États-Unis, sans pour autant revitaliser l’industrie navale américaine. »
Pour Pékin, cibler l’industrie navale chinoise ne fera qu’accélérer le déclin des États-Unis dans le commerce mondial. Il faut dire que la Chine domine largement la construction navale mondiale, avec une part de marché écrasante : en 2024, les chantiers navals chinois ont capté environ 53 % de la production mondiale en volume. Dans le détail, cette domination est encore plus marquée dans la construction de grues portuaires, de châssis pour le transport de conteneurs, et autres infrastructures clés.
Autant dire que cette nouvelle mesure frappera surtout le portefeuille des travailleurs, qu’ils soient français, américains ou d’ailleurs.
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