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Vendémiaire

Blog d'actualité politique

Italie / Le Parti de la Gauche Européenne et le communisme

Publié le 10 Octobre 2012 par Vendémiaire in Europe

de Sergio Ricaldone, du comité de rédaction de l'Ernesto

article publié dans le numéro de mai de Gramsci oggi,

 

Bien que la traduction d'un article datant d'il y a plus de mois et traitant des élections européennes du 7 juin puisse paraître d'une importance secondaire, le résultat des élections ainsi que la constitution de la « Fédération de la Gauche d'alternative » qui constitue un coup d'arrêt à la dynamique unitaire des communistes redonne au scepticisme de Ricaldone vis-à-vis des intentions des dirigeants « communistes » italiens et surtout de l'immixtion du PGE dans les affaires internes une actualité incontestable.

 

L'analyse que fait Ricaldone du rôle central joué par le PGE dans les « transformations », « métamorphoses » et in fine « liquidations » des Partis Communistes est pertinente, non seulement pour le cas italien – le plus abouti – mais également pour tous les pays où les forces communistes ont à subir ses assauts (on peut penser aux PC Grec et Portugais confrontés aux forces post- communistes voire anti-communistes de Synapsismos et du Bloc de Gauche soutenues par le PGE).

 

AC

 

Traduction AC pourhttp://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

 

Initialement, le discours inaugural de la rencontre du 16 mai « La crise mondiale du capitalisme et l'Europe, le rôle des communistes et de la gauche » organisée par Gramsci oggi.

 

Le 7 juin prochain, nous voterons pour un symbole dans lequel nous trouverons réunis les trois partis politiques qui, après des années de division, ont décidé de se présenter sous le même symbole pour les élections européennes. Nous oeuvrons tous afin que la liste unitaire des communistes, qui a rallumé en nous la flamme de la confiance et de l'engagement, réussisse à nous faire sortir de l'obscurité dans laquelle nous a plongé la défaite fatale du 13 avril 2008.

 

Nous retrouver ensemble est un élément d'une très grande importance, et cela fait naître un espoir, le fait que cela pourrait être le premier pas vers la formation d'un unique parti de tous les communistes. Cela pourrait seulement! Car ensuite je vois qu'il y a une quatrième formation dans ce symbole – la Gauche Européenne – et alors je commence à me demander si l'optimisme de la volonté n'est pas en train de me jouer un mauvais tour. Sommes-nous vraiment sûrs qu'il suffira de dépasser le seuil des 4% pour emprunter la voie de l'unité des communistes en évitant que, le jour d'après, prennent le dessus les calculs de ceux qui, une fois leurs peaux ainsi qu'une poignée de sièges sauvés au Parlement Européen, pensent déjà à de nouvelles ruptures d'avec les communistes et le communisme et à une recomposition avec les transfuges de Vendola et de Bertinotti?

 

J'insiste bien sur le fait quand même qu'aucun état d'âme ne doit mettre en péril l'exigence politique prioritaire, bien comprise par nous tous, celle d'assurer que le symbole unitaire des communistes obtienne le plus de voix possible. Ce serait suicidaire de penser le contraire.

 

Cependant, nous avons aussi le devoir de ne pas nous voiler la face en ignorant les contradictions qui sont bien présentes dans cette formation composite et les conséquences politiques prévisibles qui en découleront dans les mois et dans les années qui suivront les élections européennes, sur la question de la politique internationale qui a toujours été un des éléments constitutifs de notre identité communiste. Sur cette question, les différences entre la ligne politique de Refondation et celle des Communistes Italiens apparaissent en ce moment plutôt importantes.

 

Je crois que nous sommes tous convaincus que le mouvement communiste doit avoir une dimension internationale, dont l'élément principal ne peut qu'être l'anti-impérialisme et le maintien de la paix. Et en ce sens, les alliances et les convergences politiques, les communistes doivent les rechercher chez les partis, les mouvements, les organisations Etatiques et politiques qui poursuivent le même objectif. Même si ils le poursuivent sous des modalités différentes.

 

Le problème est que cette dimension de la politique internationale n'a jamais été perçue par le Parti de la Gauche Européenne comme prioritaire. Au contraire, je dirais que c'est exactement le contraire que l'on a constaté. C'est pourquoi, pour le moment, le pessimisme de l'intelligence suggère la prudence et la vigilance.

 

Nous nous sommes désormais habitués au strabisme d'une Gauche européenne qui, touefois avec les exceptions que nous connaissons bien, aime se définir ouverte et innovative mais suit une politique dans les relations internationales basée sur une vision du monde condescendante, du haut de sa propre culture politique eurocentriste et tiers-mondiste, incapable de reconnaître que ce monde n'est plus celui des années 1990, que les rapports de force entre l'impérialisme euro-américain et le reste du monde ont profondément changé. Les analystes politiques sérieux reconnaissent désormais depuis un certain temps (et aujourd'hui, en temps de crise, ils l'affirment avec d'autant plus de conviction) que la super-puissance impérialiste est entrée depuis un petit moment dans une phase historique de déclin politique et économique.

 

Désormais même la puissance terrifiante de son arsenal militaire ne lui permet plus de l'emporter dans des conflits avec des nains militaires insignifiants comme l'Irak et l'Afghanistan.

 

Ces changements importants de rapports de force entre l'impérialisme et le reste du monde ont eu lieu (c'est le paradoxe et le bât qui blesse) sans que ce Parti de la Gauche Européenne n'ait su ou voulu apporter une contribution significative à cette importante inversion des rapports de force au niveau mondial, vers un polycentrisme plus rassurant.

 

Tout en reconnaissant l'importance qu'ont eu les grands mouvements pacifistes dans les moments de crise aigue de ces années-là, nous savons tous que la masse critique imposante qui a amorcé ce processus, qui ouvre aux peuples une perspective stratégique alternative pour leur avenir, a été créée, non par l'Europe, mais par les nouveaux modèles de développement politiques, sociaux et économiques adoptés par des partis, des mouvements et des Etats situés dans des continents qui constituent aujourd'hui la force motrice d'un bloc anti-impérialiste de dimension mondiale.Nous savons aussi quel rôle essentiel ont joué les partis communistes dans la formation de ce bloc.

 

Même en se limitant à l'analyse comparée de l'espace réservée dans Sole 24 Ore, (peut-être le plus « marxiste » des quotidiens) aux BRIC, Brésil, Russie, Inde, Chine, tant de fois cités, avec l'espace que Liberazione a réservé au tourisme 5 étoiles du Dalai Lama, nous nous rendons compte du temps et des occasions perdues en matière de politique internationale.

 

De tout cela, il semble que le Parti de la Gauche ne n'en soit pas rendu compte. Les choix réalisés par les partis qui en font partie tendent plutôt au dépassement des notions et des principes inspirateurs qui ont soutenu, pendant tout un siècle, les grandes batailles politiques et sociales du mouvement ouvrier.

 

Ce n'est pas sans raison que la présence de la Gauche Européenne dans le symbole des communistes nous pousse à entourer de scepticisme et de doutes les réflexions politiques que beaucoup de camarades font en ce moment, si on regarde le bilan plutôt désastreux dont peut se vanter ce parti transnational, 5 ans après sa naissance.Au départ, les principaux partis promoteurs en Espagne, en France et en Italie avaient une assise électorale comprise entre 8 et 12%. Aujourd'hui Izquierda Unida en Espagne et le PCF en France se trouvent au bord de l'extinction. Et sur ce qui est arrivé aux communistes en Italie, « le silence est d'or ». Menés par le génie « créatif » de Fausto Bertinotti, ces partis se sont positionnés sur le plan idéologique comme des forces a-communistes et, dans certains cas, comme des forces anti-communistes. Ce n'est pas un hasard que ce soient ses partis qui désertent régulièrement et délibérément les rencontres internationales des partis communistes.

 

Dans l'acte même de naissance de la Gauche européenne, la séparation d'avec le communisme historiquement connu était implicite, et certains des partis adhérants (pas tous) ont modulé cette séparation dans le temps, et sous les modalités estimées nécessaires.

 

Le résultat de cette opération caméléon, « d'auto-recyclage », apparaît plutôt déconcertant: les partis post-communistes qui l'ont réalisée ont cherché à se libérer du boulet idéologique de l'Octobre soviétique qui aurait ainsi dénaturé la conception originaire du communisme . Dans l'autre camp, la droite européenne et la social-démocratie ont travaillé dans la même direction – avec des arguments évidemment plus malhonnêtes, ceux de la guerre froide – mais avec le même objectif final: le communisme est mort et enterré, et de manière infâmante en le mettant sur un pied d'égalité avec le nazisme. A quoi s'ajoutent les initiatives anti-communistes prises par le Parlement Européen et le Conseil de l'Europe qui virent à l'acharnement, et dénotent une escalade inquiétante dans cette campagne. De telles initiatives rendaient nécessaires une réaction tout aussi résolue et unitaire de la part du GUE, le seul groupe capable de s'opposer à une dérive aussi obscène et honteuse. Les communistes grecs et portugais l'ont exigé avec force, à chaque fois. Mais cela n'a pas été le cas. Le GUE s'est divisé sur la question, et les « si », les « mais », les « pourtant... » ont souvent débouché sur des ruptures incompréhensibles si on prend en compte la nature des partis qui en font partie.

 

En conclusion, étant entendu que nous sommes aujourd'hui ici pour réaffirmer notre engagement à assurer le meilleur résultat possible à la liste unitaire des communistes, je crois qu'il est utile quand même de maintenir une réflexion libre et critique sur une question encore aussi controversée que celle de la politique internationale des communistes. Les camarades qui aujourd'hui interviendront sur cette question ont l'expérience et la compétence pour la traiter avec brio.

 

Site de la revue théorique communiste italienne Gramsci Oggi: http://www.gramscioggi.org/

 

http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/article-34581587.html

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